La 36e édition du sommet de l'Union africaine s'est tenue entre le 18 et 19 février 2023.

Le thème de cette édition était : “The Year of AfCFTA: Acceleration of the African Continental Free Trade Area Implementation.” En français, il s'agit de la zone de libre-échange, sensée être le plus grand marché au monde avec 2 milliards de consommateurs.

D'après la banque mondiale, cette zone de libre-échange permettra de créer 18 millions d'emplois d'ici 2035. Certains africains se réjouissent de ce chiffre, qui pour eux serait un exploit.

J'ai une appréciation très négative de cette prévision. Admettons que le projet démarre cette année 2023. D'ici 2035 ça va faire 12 ans. Si pendant ces 12 ans on génère 18 millions d'emplois, ça veut dire que par année on aura crée 18000000/12 = 1500000 emplois ! Regardons ceci de plus près: 1500000 emplois par année pour toute l'Afrique. L'Afrique est constituée de 54 pays, soit 1500000 / 54 = 27777 soit environ 28000 emplois par pays et par année jusqu'en 2035. Si on ramène ça à l'échelle de la population africaine toute entière ça représente (18 000 000 / 2 000 000 000)x 100 = 0.9 % de la population qui aura un emploi en Afrique. Honnêtement, on ne peut pas se réjouir de ce nombre.

On a vu que cette projection impliquait que chaque pays africain devra créer en moyen 28000 emplois par an jusqu'un 2035, cela représente en pourcentage par rapport à la population de certains pays :

• Cameroun [27 millions d'habitants] : (28000/27000000)x100 = 0.1%
• Gabon [2 millions d'habitants] : (28000/2000000)x100 = 1.4%
• Tchad [17 millions d'habitants] : (28000/17000000)x100 = 0.16%
• RDC [96 millions d'habitants] : (28000/96000000)x100 = 0.029%
• Nigeria [220 millions d'habitants] : (28000/220000000)x100 = 0.012%

La question réelle qu'il faut se poser est qui va réellement profiter de se marché ? L'Afrique ou les Partenaires de l'Afrique ?

Nos dirigeants doivent vraiment ouvrir les yeux et tout faire pour revoir ces projections à la hausse sinon il faudra encore des générations et des générations avant de pouvoir offrir du travail à au moins 50% de la population africaine. Il faut encourager les jeunes à l'entreprenariat, mettre en place des mécanismes simplifiés pour la création des PME, mettre en place une justice opérationnelle qui va rassurer les entrepreneurs et aussi améliorer le système de formation.